Entre l’augmentation constante des prix de l’énergie et les recommandations plus ou moins contradictoires sur les économies à réaliser, beaucoup se demandent s’il faut couper le chauffage la nuit pour vraiment consommer moins. C’est une question légitime, surtout lorsque l’on cherche à concilier confort thermique et budget maîtrisé.
À première vue, l’idée paraît logique : pourquoi chauffer une pièce dans laquelle on dort sous une couette bien chaude ? Et pourtant, la réalité est souvent plus nuancée. Certaines idées reçues, encore très répandues, peuvent entraîner des comportements contre-productifs, voire néfastes pour votre logement ou votre santé.
Dans cet article, Chauffexpert vous aide à faire le tri. À travers 5 idées reçues passées au crible, nous vous expliquons quand il est pertinent de couper, baisser ou programmer… et surtout comment éviter les erreurs.
« Couper le chauffage la nuit fait toujours économiser”
Cette affirmation revient souvent, surtout en période de froid où la facture grimpe vite. En effet, réduire sa consommation énergétique est une priorité pour de nombreux foyers, et couper totalement le chauffage la nuit semble être une solution simple et efficace.
Mais est-ce réellement toujours rentable ? La réponse dépend de plusieurs facteurs, à commencer par le type de chauffage installé dans votre logement.
Une vérité partielle selon le système
- Si vous utilisez des convecteurs électriques, une coupure temporaire peut effectivement entraîner quelques économies, à condition que l’isolation soit correcte.
- En revanche, avec un système à forte inertie thermique (comme un plancher chauffant, une chaudière gaz/fioul ou des radiateurs en fonte), l’arrêt complet est contre-productif. Le redémarrage consomme davantage d’énergie pour compenser la baisse de température.
Comme le précise l’ADEME, baisser le chauffage de 1 °C équivaut à environ 7 % d’économies. Mais cela concerne une baisse progressive, pas un arrêt brutal.
Type de chauffage | Couper la nuit | Baisser de 3 à 5 °C |
---|---|---|
Convecteurs électriques | Possible si bien isolé | ✅ Recommandé |
Chaudière gaz/fioul | ❌ Déconseillé | ✅ Très efficace |
Plancher chauffant | ❌ Inefficace | ✅ Modulation douce |

“Plus je baisse, plus j’économise”
Voilà une idée qui semble de bon sens : baisser davantage la température la nuit devrait logiquement entraîner plus d’économies. Pourtant, au-delà d’un certain seuil, ce raisonnement atteint vite ses limites.
🔻 L’économie s’arrête… quand le confort s’effondre
Certes, comme vu précédemment, abaisser de 1 °C permet d’économiser environ 7 % sur sa facture, selon l’ADEME. Toutefois, si vous descendez sous les 16 °C la nuit, notamment dans les chambres, cela peut :
- provoquer de l’humidité,
- nuire à la qualité du sommeil,
- entraîner une surconsommation au redémarrage, surtout si l’habitat est mal isolé.
En réalité, la plage idéale de température nocturne se situe entre 16 et 17 °C, voire 18 °C si vous êtes frileux ou sensible à l’humidité.
Qualitel – Baisser le chauffage la nuit
Pièce | Température conseillée la nuit |
---|---|
Chambre | 16–17 °C |
Salon | 17 °C (si inoccupé) |
Salle de bain | 17–18 °C |
Couloir | 15 °C |

“Le redémarrage consomme plus qu’un chauffage continu”
Ce mythe est tenace : on entend souvent que relancer un chauffage froid consomme plus d’énergie que de le laisser tourner en continu, même à faible puissance. Cette idée, bien qu’intuitive, n’est pas systématiquement vraie.
Le point clé : l’inertie thermique de votre système
Tout dépend du type de chauffage et de l’isolation de votre logement :
- Dans un habitat bien isolé avec chauffage électrique ou pompe à chaleur, baisser la température ou même arrêter temporairement peut être rentable.
- À l’inverse, pour un système central (gaz/fioul) ou un chauffage par le sol, les cycles arrêt/redémarrage entraînent un surplus de consommation… qui peut annuler tout gain.
En fait, le redémarrage consomme plus uniquement si l’écart de température est important et que l’énergie utilisée pour chauffer est lente à restituer (forte inertie).
Comment répartir efficacement la chaleur dans un logement ancien ?

“Les thermostats programmables ne servent à rien dans l’ancien”
Encore une idée reçue très répandue : dans un logement ancien, avec ses murs épais et parfois mal isolés, les thermostats ne serviraient à rien. Pourtant, c’est exactement l’inverse.
Un outil précieux même en rénovation
Bien au contraire, un thermostat programmable permet :
- d’éviter les oublis, en programmant des plages de chauffe selon vos habitudes ;
- d’adapter la température pièce par pièce, surtout si vous utilisez des têtes thermostatiques ;
- de lisser les variations, ce qui réduit les pics de consommation.
Selon ÉnergiePlus, une coupure nocturne bien pilotée permet jusqu’à 11 % d’économies annuelles, même dans un habitat ancien, à condition d’être bien maîtrisée.

Comment bien programmer un thermostat ?
- Jour : 19–20 °C
- Nuit : 16–17 °C
- Absence prolongée : 14–15 °C
Bonus : Activez la fonction “anticipation” pour relancer en douceur avant le réveil.
Réduire sa consommation d’énergie grâce à l’isolation naturelle
“On peut couper totalement la nuit sans conséquences”
À première vue, l’idée de couper totalement le chauffage la nuit paraît séduisante. Après tout, si l’on dort, pourquoi continuer à chauffer ? Pourtant, en pratique, les conséquences peuvent être bien plus lourdes que prévu.
Des risques souvent sous-estimés
Couper entièrement le chauffage peut entraîner :
- une baisse brutale de température, inconfortable voire néfaste pour la santé ;
- un risque de condensation et d’humidité dans les pièces froides ;
- et dans certains cas, le gel des canalisations, surtout dans les zones peu chauffées.
De plus, comme l’explique Exacompare, le redémarrage matinal peut provoquer une surconsommation, surtout si la température a chuté en dessous de 14 °C.

Programmer intelligemment, c’est économiser durablement
Comme nous l’avons vu tout au long de cet article, couper totalement le chauffage la nuit n’est pas toujours une bonne idée. Bien que tentante, cette solution peut être contre-productive selon :
- votre système de chauffage,
- la qualité de votre isolation,
- et votre mode de vie.
En résumé :
- Baisser la température modérément (16–17 °C) la nuit est efficace,
- Couper complètement est à éviter sauf conditions optimales,
- Les thermostats programmables sont vos meilleurs alliés,
- Et surtout, l’isolation reste la clé pour toute stratégie d’économie durable.