Pourquoi ces travaux sont essentiels mais souvent bloqués
Avec plus de 40 % des logements collectifs situés en copropriété, la rénovation énergétique ne peut plus se faire sans une dynamique collective. Pourtant, entre la complexité des décisions, les divergences d’intérêt, et le coût des travaux, beaucoup de projets n’aboutissent jamais.
Et c’est dommage : bien menés, ces travaux permettent de réduire les charges, améliorer le confort, et surtout valoriser durablement l’immeuble.
Dans cet article, découvrez comment faire avancer un projet de rénovation énergétique sans diviser, en utilisant les bons outils, au bon moment.

Le cadre légal à connaître
Avant même d’évoquer un devis ou un vote, il est essentiel de comprendre les obligations réglementaires qui pèsent désormais sur les copropriétés.
Le DPE collectif devient incontournable
Depuis 2024, les copropriétés de plus de 200 lots à usage d’habitation doivent établir un DPE collectif, qui évalue la performance énergétique de l’immeuble dans son ensemble. Ce seuil sera progressivement abaissé à 50 lots en 2026.
Le Plan Pluriannuel de Travaux (PPT)
Obligatoire pour toutes les copropriétés de plus de 15 ans, le PPT doit recenser les travaux à prévoir dans les 10 ans à venir, avec estimation des coûts. Il est présenté en Assemblée Générale (AG).
Le Diagnostic Technique Global (DTG)
Recommandé voire obligatoire dans certaines situations (immeuble insalubre, vente en bloc), il sert souvent de base technique à un projet de rénovation énergétique.
Pour plus d’informations officielles : Anah – Obligations de rénovation en copropriété
Comprendre les règles de vote en AG
En copropriété, rien ne se décide sans un vote en Assemblée Générale (AG). Or, selon la nature des travaux, la majorité requise peut tout changer.
Les types de majorité
- Majorité simple (article 24) : suffit pour les travaux d’entretien ou la réalisation d’un DPE collectif
- Majorité absolue (article 25) : requise pour les travaux d’amélioration (ex. : isolation, pompe à chaleur, panneaux solaires…)
- Et si l’article 25 échoue, un second vote à la majorité simple peut être organisé immédiatement (article 25-1)
Exemple concret : Pour l’installation d’une VMC collective
- 1er vote : majorité absolue requise
- Si rejet : possibilité de repasser au vote à la majorité simple
Rôle du conseil syndical
Le conseil syndical et le syndic sont chargés de préparer les résolutions, de réunir les devis et de mobiliser les copropriétaires autour du projet.
À consulter : Hellio – Comment voter les travaux de rénovation énergétique en AG
Préparer le terrain pour éviter les blocages
Souvent, un projet de rénovation énergétique échoue non pas à cause du coût, mais parce qu’il n’a pas été suffisamment expliqué, anticipé ou porté.
Informer en amont
- Organiser des réunions en petit comité avant l’AG pour expliquer les enjeux
- Proposer des simulations personnalisées (charges, économies, gains de valeur)
- Présenter les aides financières mobilisables, avec ou sans reste à charge
Impliquer un AMO
Un Assistant à Maîtrise d’Ouvrage (AMO) permet :
- De structurer le projet techniquement
- De rassurer sur les délais, le suivi et la faisabilité
- D’optimiser le montage financier (MaPrimeRénov’, CEE…)
Mettre en valeur les bénéfices concrets
- Réduction des charges de chauffage
- Meilleur confort acoustique et thermique
- Valorisation du bien (critère DPE en cas de vente)
À lire également : Guide pratique pour une rénovation énergétique réussie
Clés de réussite : stratégie, financement, dialogue
Un vote réussi repose rarement sur une bonne idée… mais toujours sur une bonne préparation. Voici les leviers essentiels pour faire voter vos travaux sans conflit.
Penser financement global
Les aides publiques ont considérablement évolué pour soutenir les copropriétés :
- MaPrimeRénov’ Copro : aide collective calculée selon les gains énergétiques
- CEE : primes complémentaires pour certains équipements ou matériaux
- Fonds travaux (obligatoire) : peut contribuer au financement
- Possibilité de compléter avec un éco-PTZ collectif
À lire : Quelles aides pour rénover son logement ?
AMO, syndic, référent : la bonne équipe
- L’AMO accompagne tout le projet (technique, administratif, juridique)
- Le syndic doit être moteur, transparent et bien informé
- Un copropriétaire “référent” peut devenir un catalyseur de confiance
Le dialogue, la pédagogie, le retour d’expérience
- Témoigner de cas concrets réussis
- Favoriser les échanges inter-lots (locataires, propriétaires, investisseurs…)
- Rester ouvert aux objections pour mieux y répondre
Critère | Avec AMO | Sans AMO |
---|---|---|
Adhésion des copropriétaires | + forte grâce à la pédagogie | Souvent divisée ou floue |
Temps de montage du projet | 6–12 mois selon complexité | +18 mois, nombreux allers-retours |
Budget final | Optimisé : aides maximisées | +15 à 25 % de pertes en aides |
Conclusion – Rénover sans diviser, c’est possible
Les projets de rénovation énergétique en copropriété ne sont jamais des parcours simples. Mais avec une bonne préparation, un cadre juridique compris et une communication claire, ils peuvent devenir des leviers puissants de valeur, confort et cohésion collective.
En anticipant les objections, en structurant le projet avec un AMO, et en valorisant les bénéfices pour tous, il devient possible de voter sans conflit, et même de fédérer autour d’un projet d’intérêt commun.
